EN MOI, 2016

UN MOYEN-MÉTRAGE DE LAETITIA CASTA, CO-ÉCRIT AVEC MAUD AMELINE 
PRODUIT PAR ALLAROSA PRODUCTION


SYNOPSIS


Un metteur en scène se rend à l’Opéra de Paris pour le tournage de son prochain film. En perte d’inspiration, il cherche des échappatoires face à sa solitude et sa peur de l’échec. à chaque porte qu’il entrouvre, son imaginaire se révèle à lui et des personnages mystérieux l‘entraînent vers son désir de créer et d’aimer.

ENTRETIEN AVEC LAETITIA CASTA

Quand est né votre désir de réaliser ?

Quelque part, il a toujours été là - plutôt que dire « réaliser », je dirais d’ailleurs : « se réaliser ». J’ai toujours plus ou moins écrit sur des bouts de papier des sensations, des émotions, des ambiances. J’ai tellement passé d’heures dans les avions, je me suis tellement ennuyée dans des hôtels ! Des scènes de ce court métrage étaient donc là depuis bien longtemps mais je pensais que cette envie de réaliser arriverait plus tard vers 40-45 ans, quand je connaîtrais mieux la vie. Mannequin et actrice, tout a toujours été mélangé chez moi, j’ai toujours été dans un entre deux, ne sachant pas exactement où me situer. Ce recul était assez terrible à vivre mais je pense qu’il m’a facilité ce passage derrière la caméra.

Le film s’appelle “En moi” mais c’est d’abord le point de vue d’un homme metteur en scène que vous épousez…

Il m’est très souvent arrivé de me dire : « Tiens, si j’étais un homme, j’aimerais être cet homme là ». Mais avant de me mettre dans la peau de cet homme, je me suis d’abord mis dans la peau d’émotions, que j’aurais d’ailleurs pu mettre dans un personnage féminin. Mais je trouvais plus joli et moins attendu de raconter ce désarroi amoureux et cette fragilité chez un homme. D’autant plus de cinquante ans.

Le portrait de cet homme est très clinique. Vous êtes-vous documentée ou inspirée de gens autour de vous ?

Bien sûr que je me suis inspirée de certaines personnes que j’ai pu croiser. Je suis comme un appareil photo. Je prends des clichés de ce que j’observe autour de moi et qui me racontent quelque chose. Ce metteur en scène est un écorché vif qui n’a pas de protection, pas de filtre. Mais on a tous une part trouble en nous, c’est juste qu’elle est plus exacerbée chez certains. Toute ma névrose, je l’extériorise moi dans mon travail, dans mes rôles. Cette possibilité est un cadeau.

Le film raconte aussi le refus d’une femme de se laisser enfermer dans une image fantasmatique…

C’est un peu toute mon histoire, mais aussi celle de toutes les femmes, au bout du compte… C’est dur de ne pas se laisser enfermer dans une image, dans le rôle de la femme objet. À force d’entrer dans l’univers d’un metteur en scène ou d’un photographe, de donner une forme d’amour devant la caméra, on finit par ne plus savoir très bien ce que l’on donne, et ce que les autres projettent sur vous. Le film pose aussi la question de qui regarde qui. Est-ce le metteur en scène qui regarde l’actrice ? Est-ce l’actrice finalement qui choisit le metteur en scène ? Ou le metteur en scène qui est inspiré, plutôt que par l’actrice, par sa propre vie, sa femme, l’amour… Le film raconte la relation entre un metteur en scène et son actrice mais aussi, tout simplement, le désir entre un homme et une femme. Et je crois que le mot de la fin est : ce qui nous porte et nous protège, c’est l’amour.

La danse est très importante dans le film, notamment le buto dansé par Akaji Maro…

Je suis fascinée par le buto, né dans les années 60 en opposition à la culture américaine. Cette danse de rebelle est portée par le savoir de la culture japonaise. D’une seconde à l’autre, le danseur peut exprimer une fleur, puis un foetus, un vieillard... Akaji Maro me disait que cette danse est pour lui un art du travestissement car les attitudes féminines offrent plus de possibilités grâce au maquillage, aux robes, à cette perruque immense qu’il porte dans le film. Ce n’est pas un hasard que j’ai été attirée par cette danse. Il y a chez moi une dualité entre le féminin et le masculin. À un moment d’ailleurs, on voit le metteur en scène obsédé par l’amant de sa femme, avec lequel il danse, comme s’il s’agissait de sa propre féminité qu’il refoule mais qui revient.

Les femmes qui défilent interprètent elles aussi une danse de rebelles à un moment…
Oui, il s’agit du haka, danse rituelle venue d’Océanie et reprise notamment par l’équipe de rugby néo-zélandaise. Je trouvais ça beau de décliner au féminin cette danse assez violente, d’extérioriser ainsi la puissance de ces femmes…

Comment les avez-vous choisies ?

Je ne voulais pas des mannequins, ni spécialement des actrices – il y en a seulement deux ou trois, qui démarrent dans le métier. J’ai donc fait un casting sauvage et demandé à ces femmes de marcher devant moi. Les femmes dans la rue m’ont toujours fascinée. Longtemps, moins maintenant, je crois que je les ai énormément enviées pour cette non conscience de ce qu’elles sont, de leur pouvoir animal très fort. Moi, très vite on a projeté dessus beaucoup de choses. Dans En moi, c’est mon tour de regarder ces femmes, sans projection d’image, d’idée, de symbole d’une ultra féminité, vulgaire. C’était très touchant d’assister à mise en présence, leur abandon de jugement sur elles-mêmes et les unes sur les autres. Leur marche devant la caméra est saisissant. Au départ, elles pensaient que j’attendais d’elles cette séduction qu’on demande en général à la femme. Mais ce que je voulais, c’était ce qu’elles étaient elles, leur force intérieure, instinctive : « Face au metteur en scène qui est là et qui vous regarde, c’est vous qui menez le jeu, c’est lui qui va s’abandonner à votre féminité ». Je leur ai appris à marcher la tête haute mais pas dans une idée de défilé de mode ou de corps réduit à un outil. Non, c’est quelque chose de bien plus puissant : une force créative qui constitue vraiment l’essence de la femme. Aussi parce qu’elles disent leur vrai nom et leur âge. Là encore le refus du fantasme et de la projection…

Est-ce parce que c’est vous qui les filmez qu’il n’y a pas de fantasme ?

Oui, je pense. Si c’était un homme qui avait fait défiler ces femmes nues, cela aurait sans doute été très mal vu. Alors que moi derrière la caméra, ce sont juste des femmes qui marchent tout droit et qui déclinent leur identité. Mais il n’a pas été si simple de les convaincre que j’avais besoin de les filmer nues, qu’il ne fallait pas qu’elles aient honte de ce qu’elles sont.

Vous ne les filmez pas exactement nues, seule la partie inférieure du corps l’est. Ce qui met en valeur leur sexe de manière assez inédite au cinéma.

On a déjà filmé des gros plans de sexe de femmes mais c’est vrai que là, il y a cet enchaînement… Cette scène m’a été inspirée d’un jour où j’étais allée dans un hammam. J’avais été troublée par cette féminité exacerbée, dans cette buée. Le spectacle de ces corps de tous âges était si merveilleux. Je me suis dit : mais pourquoi les femmes mettent-elles autant de temps avant de s’accepter ? En filmant ces sexes, c’est comme si la petite fille qui est en moi découvrait le sexe de ma mère, ou d’une autre femme. Je trouve que les femmes sont dix mille fois plus belles à regarder que les hommes. Je ne dirais pas que mon film est féministe, mais absolument féminin, oui !

Comment avez-vous abordé la mise en scène ?

Avec une sorte d’inconscient très fort en moi de tous les films que j’ai pu voir et qui m’ont touchée. Mouchette de Bresson est très important pour moi, notamment ce qu’il raconte de la pureté que l’on veut salir… J’aime voir de la poésie partout, c’est ce que l’on m’a appris dans mon métier. J’ai été nourrie très jeune par des gens qui avaient une telle exigence, que ce soit au niveau de la lumière, du cadre, ou tout simplement du choix d’un tissu, d’un bouton, d’un fil. Et puis il y a bien sûr mon expérience du plateau en tant qu’actrice. Et l’influence de photographes et de metteurs en scène qui m’ont parlé de manière tellement intelligente et belle.

Le film flirte d’emblée avec l’onirisme. Notamment avec ce procédé de flou qui phagocyte l’image par moment.

Ces flous viennent de lentilles utilisées en photographie. Dès le début du film, je voulais être dans le crâne de cet homme qui ne va pas bien, dans ses obsessions, ses névroses, sa migraine constante. Car c’est aussi ce qui fait son don, sa capacité à nous imposer son monde.

Quand le metteur en scène s’approche de sa femme sur le pont, il voit sa tromperie en « gros plan »

Oui, il éprouve une grande solitude face à ses émotions, son moi intérieur. C’est comme si ce metteur en scène projetait ce qui va se produire ou revivait quelque chose de passé. Il y a quelque chose de terrible dans ce blocage dans le temps, ce côté obsessionnel, cet enfermement intérieur. Le monde extérieur lui parvient de manière très blessante.

Pourquoi le choix de Yvan Attal pour incarner ce metteur en scène ?

J’ai adoré travailler avec lui sur Do not disturb et je trouve que c’est un grand acteur. Quand je lui ai dit que j’avais envie d’écrire et de réaliser, il m’a dit : « Si un jour tu as un rôle pour moi, je ferai n’importe quoi. » Sa confiance m’a touchée.

On l’a rarement vu dans un rôle d’homme aussi désarmé…

On l’avait un peu vu ainsi démuni dans Rapt de Lucas Belvaux mais pas aussi sensuel et beau, il me semble. Avec Benoît Delhomme, le chef opérateur, on éprouvait le même plaisir à le filmer. Son visage, ses mains… À un moment d’ailleurs, Yvan m’a dit : « Mais tu me filmes comme un mannequin, c’est insupportable ! » Je ne le filme pas comme un mannequin mais avec beaucoup d’amour, comme un homme pourrait filmer une femme, dans toute sa fragilité.

Et le choix de la top modèle Lara Stone pour jouer sa femme ?

SI j’avais pris une actrice, elle aurait trop intellectualisé le fait de se mettre ainsi nue comme une statue. Cela serait devenu une performance un peu vulgaire. Lara était parfaite car elle était à l’endroit pile où se trouve ce personnage. J’avais travaillé avec elle sur une pub. Elle n’avait pas du tout confiance en elle, était comme une enfant qu’on avait envie de prendre dans ses bras et de protéger. En même temps, elle avait une force inouïe devant la caméra. Ce mélange étrange me rappelait beaucoup de choses et je m’étais dit : « Un jour, je la filmerai ! » Quant à Mathilde Buisson pour jouer l’actrice, j’aime son côté animal très fort et j’ai écrit pour elle.

Comment avez-vous vécu cette première expérience de réalisatrice ?

J’ai adoré. Courir dans tous les sens, répondre à tout ce que l’on me demandait... J’aime les difficultés, les défis. J’aime aussi travailler en équipe, être assez folle pour dire que tout le monde va y croire parce que moi j’y crois. J’ai une conviction en moi, quelque chose de presque mystique que j’ai pu enfin extérioriser.

Propos recueillis par Claire Vassé




PRODUCTION ET DISTRIBUTION


Productrice déléguée : Laetitia Casta
Producteurs exécutifs : Pauline Seigland, Lionel Massol

CASTING


Le metteur en scène : Yvan Attal
La femme : Lara Stone
L’assistant : Arthur Igual 
La comédienne : Mathilde Bisson
L’amant : Jérémie Bélingard
L’homme de service : Akaji Maro
Le chauffeur : Nassim Amaouche

TECHNIQUE


Scénario et dialogues : Laetitia Casta et Maud Ameline
Réalisation : Laetitia Casta
Musique originale : Koudlam
Une production : Allarosa Production
Avec le soutien de la société Cointreau
Directeur de la photographie : Benoît Delhomme
1er assistant réalisatrice : Jean-Paul Allègre
Chef opérateur du son : Guillaume Le Braz
Chef décoratrice : Pauline Reichenbach
Chef costumière : Anaïs Guglielmetti
Chef monteur image : Fabrice Rouaud
Chef Monteur son : Nicolas Moreau
Mixeur : Jean-Pierre Laforce

FESTIVALS ET PRIX


Message to Man (Russie, 2017)
Sélection : Compétition internationale

Festival du film d'Odense (Danemark, 2017)
Sélection : Compétition internationale

Semaine de la Critique de Cannes (France, 2016)
Sélection : Soirée de clôture

Cinemed Montpellier
Soirée de Clôture

Festival Pacific Meridian Vladivostock

Festival Anonimul Roumanie

Festival d’Athènes Grèce

Festival de Vilnius Lituanie

Nuits Med Corse Festival

Premiers Plans d’Angers

Festival Coté court de Pantin

Festival d’Aubagne

Festival SunSète Stuttgart Films Winter Braunchweig

Festival Allemagne

Festival de Morelia Mexique

Cinémathèque de Prague Republique Tchèque

Moraelia Mexique Cinémathèque

Prague Festival International d’Odense